• Chapitre 33

    Point de vue d'Anna:

    Trois jours ont passé. Ethan, quand il me voit, vient me saluer et me parle comme avant. Par avant, j'entends par là, avant le début de cette année-ci, quand nous nous entendions bien sur tout et que, je dois bien l'avouer, je le plaçais un peu sur un piédestal. Il me semble que la tempête est passé entre nous et que nous n'avons plus qu'à recollé les morceaux d'un puzzle. Cela paraît si simple pour lui de faire abstraction de tout. Il m'a l'air d'avoir balayé d'un revers de la main tout ce qui a pu être néfaste entre nous. C'est presque trop simple pour que j'y crois. Et pourtant, je veux croire que c'est possible qu'il redevienne pleinement mon meilleur ami. 

    Au lycée, il semble y avoir une ambiance bien étrange du côté des joueurs. Ethan ne veut pas m'en parler mais je sais que quelque chose le tracasse. Jenny a, elle aussi, voulu interroger son frère mais il n'avait rien voulu dire. Léo n'est pas venu les deux derniers jours. Et Ethan et Byron ont l'air plutôt soucieux par moment. Il lui est peut-être arrivé quelque chose de grave? Je m'inquiète un peu, pour être tout  à fait franche. Surtout qu'il y a pas mal de rumeurs assez peu rassurantes sur le fait de son absence. La plupart s'accorde sur le fait que Léo aurait eu un accident de voiture il y a maintenant trois jours. Bien sûr, cela ne reste qu'une rumeur, il n'y a aucune confirmation. Cependant, elle est si répandue qu'elle a fini par être admise comme vraie par la plupart des élèves du lycée.

    En entrant dans la salle de classe, je peux constater que Léo est encore absent. Sa chaise est vide. Son absence fait, apparemment, encore jaser les personnes. Mathilda arrive et me salut tout en souriant.

    "Tu y crois, Mathi? je lui demande. 

    Elle me regarde avec un air un peu interrogateur. Elle n'a pas l'air de comprendre de quoi je parle alors je le lui précise:

    -Du fait que Léo aurait eu un accident de voiture.

    -Non, me répond-t-elle en souriant. Ethan et Byron ont l'air d'être les seuls au courant sur le véritable motif de l'absence de Léo. Or, je ne pense pas que ce soit aussi grave qu'un accident. Ethan t'en aurait parler, dans ce cas, je pense. C'est plus probable qu'il se soit passé quelque chose dans son cadre familiale mais je suis convaincue qu'il va bien, physiquement parlant."

    Je ne serais pas vraiment expliquer pourquoi , mais ces paroles me rassurent. S'il lui est arrivé quelque chose de grave, je pense que je me sentirais affectée. Nous ne sommes pourtant pas spécialement très proches. Mais il reste quand même, au final, quelqu'un que je connais. Et je suppose que c'est pour cela que je m'inquiète pour lui. 

    Quelques minutes plus tard, toute la classe se tait. Le silence règne au maître en moins d'une seconde. Étonnée par celui-ci, je me retourne pour en découvrir sa cause. Léo est là. Il vient tout juste d'entrer dans la classe. Tous les regards sont tournés vers lui. Il est d'une pâleur maladive et n'a pas l'air véritablement présent. Son esprit doit vagabonder probablement ailleurs. Il n'a pas de plâtre ni de béquilles ni de pansements laissant supposer qu'il ait eu un accident. Cette rumeur me paraît alors fausse. Il n'empêche qu'il n'a pas du tout l'air bien. Certains de ses potes, de la classe, lui demande le motif de son absence mais Léo se contente de rebondir que un autre sujet. Il assure que s'il est de nouveau là, c'est que tout va bien. Il faudrait être complément aveugle pour le croire. Mathilda me regarde avec un sourire victorieux.

    "Tu vois, je te l'avais dit. Aucun accident. 

    Je lui souris. 

    -Effectivement, tu avais raison."

    Et je suis soulagée qu'elle ait eu raison. 

    Le midi, Mathilda et moi, nous rejoignons Jenny. Cette dernière nous attend à une table. 

    "Léo est revenu, apparemment? nous demande-t-elle.

    Je hoche la tête.

    -Pas mal de monde en parle, la nouvelle est arrivée jusqu'à ma classe. 

    Mathilda soupira.

    -C'est fou comme tout le monde s'intéresse à la vie des joueurs."

    Jenny jette un coup d'oeil vers la table où Léo vient juste de s'asseoir avec ses potes, dont Byron. Ethan n'est pas avec eux, il a ses propres potes et, disons, que les joueurs mangent rarement, voir quasiment jamais, tous ensemble. Ethan est un peu plus loin et à côté de lui se trouve Amandine. Je dois avouer que je suis étonnée de la voir à côté de lui. En plus, il lui parle en souriant. Les voir rire ensemble me dégoûte un peu. Je serais jalouse? Bon, il est vrai que je ne porte pas spécialement Amandine dans mon coeur... Mais je ne devrais pas être autant embêtée de la voir avec Ethan. En fait, j'aurais préféré qu'il la traite comme Léo a traité Kim, c'est-à-dire, en l'ignorant totalement. 

    Jenny me regarde et me donne un petit coup de coude.

    "Anna, serais-tu jalouse? me lance-t-elle avec malice. 

    -Non. Bien sûr que non. Je ne comprend pas juste, pourquoi il fait cela?

    C'est vrai, elle ne représente rien pour lui, si? J'ai dû louper quelque chose dans le cas contraire. 

    -Ethan n'est pas aussi dur que Léo avec les pions à qui il prend les bracelets, me répond Jenny. Il ne les ignore pas de manière brutale. Amandine n'est rien pour lui. Mais il sait qu'il l'a séduit et qu'elle s'est attachée à lui. Il coupe les ponts doucement pour tenter de lui faire le moins de mal. C'est stupide.

    J'allait lui demander comment elle sait toute cela mais je ne le fais pas parce que je me rend compte qu'elle sait parfaitement de quoi elle parle. Elle a été à la place d'Amandine. 

    -Je préfère la méthode de Léo. C'est comme un pansement, plus on le retire vite, moins on souffre après, grogne Mathilda. Là, cette cruche s'attache encore plus à lui et pense qu'elle peut encore espéré quelque chose de lui car il se montre sympathique même s'il lui a pris son bracelet."

    Jenny hoche la tête tandis que les fixe, chacune leur tour. Je ne suis pas d'accord avec elle. Il me semble que la façon de faire de Léo est plus cruelle. D'ailleurs, quand on parle du loup, Jenny nous confie qu'il va encore venir dormir chez elle et Byron ce soir. Elle nous assure qu'elle laissera traîner ses oreilles. Je lui rétorque que ce n'est peut-être pas une chose à faire car Léo n'a pas l'air dans son assiette, aujourd'hui. La curiosité de Jenny est compréhensible, moi-même, je le suis parce que je me demande bien ce qui peut affecter autant quelqu'un, avec un coeur de glace, comme Léo. En revanche, c'est aussi pour cela que trop vouloir découvrir ce qui le met dans cet état est une mauvaise chose. C'est là une curiosité vraiment mal placée. Jenny me regarde, sourit et me taquine en me disant que je fais preuve de trop de sagesse. Mathilda l'imite mais elle reconnaissent qu'effectivement, c'est de la curiosité mal placée. 

    Point de vue de Jenny:

    J'aide Byron a faire le lit où dormira Léo. Je décide d'encore une fois tenter réinterroger mon frère. 

    "Le fait qu'il vienne a un lien avec le fait qu'il ait été absent? 

    -T'es une vraie fouineuse, Jenny, grogne-t-il. Et arrête de me poser des questions, je ne te dirais rien.

    Je fais mine de bouder et Byron lève les yeux vers le plafond. 

    -Et, par contre, fous lui la paix quand il sera là."

    Comme si je n'avais pas l'habitude... Quand Léo est là, et même quand il n'est pas là, je suis assez rarement avec Byron. Il n'empêche que je parle de plus en plus avec mon cher jumeau. 

    Léo arrive très tôt dans la soirée, plut tôt que les autres fois. Il a l'air toujours aussi abattu et ailleurs. Son visage est d'ailleurs, toujours aussi pâle. Byron lui propose à manger mais Léo s'empresse de refuser expliquant qu'il n'a pas faim. Comme pour le contredire, son ventre gargouille. Byron soupire et le force à, au moins, manger une pomme. Devant son insistance, Léo finit par céder. 

    Lorsqu'il prend sa douche, je suis avec mon frère devant la télé. On regarde un film qui vient à peine de commencer quand un téléphone se met à vibrer sur la table basse devant nous. Ce n'est ni le mien ni celui de mon frère mais bien celui de Léo. Je me penche, au-dessus, pour voir qui appelle. Je ne vais pas décrocher. Sur son écran, à côté des boutons pour répondre ou non, je vois le nom de "Maman". Ah ? Sa mère l'appelle? Il aurait oublié quelque chose en venant ici? Byron soupire. 

    "Jenny, arrête de te mêler des affaires des autres", me gronde-t-il comme si j'étais une enfant.

    Je me remet au fond du canapé, l'air de rien. Il secoue la tête d'un air désapprobateur. Quand Léo sort de la salle de bain, mon frère lui indique qu'il a manqué un appel. Il a l'air un peu étonné et va voir son téléphone. Il le prend et demande à Byron s'il peut aller dans le jardin pour téléphoner. Mon frère hoche la tête. Est-ce si grave pour qu'il veuille s'éloigner et être certain qu'on n'entende pas sa conversation? Enfin, si quelqu'un le gêne, je pense que ce n'est pas mon frère mais plutôt moi.

    Point de vue d'Anna:

    Le lendemain, Jenny nous raconte le peu de chose qu'il s'est passé chez elle, hier soir. Après son appel avec sa mère, Léo semblait énervé mais il n'a rien dit. Jenny nous apprend qu'il dort encore chez elle et Byron ce soir.

    "Une vraie espionne, se moque Mathilda. 

    -Si tu étais à ma place, ose me dire que tu ne ferais pas pareil", lui réplique Jenny.

    Mahtilda a l'air de réfléchir quelques secondes avant de lui répondre qu'elle n'a pas tout à fait tord. Et je dois bien avouer, que moi aussi, à la place de Jenny, je ferais preuve de pas mal de curiosité.. Bon, j'aurais sûrement essayer d'être plus discrète qu'elle. 

    Le soir, après les cours, je dois promener le chien d'une vieille voisine. Un gros labrador bien trop nourri et qui ne doit pas tellement bouger la plupart du temps vu ses kilos en trop. Elle me paye un peu quand je lui promène Prince. En plus, c'est un vieux chien. Alors forcément, toutes ces petites choses ajoutées les unes aux autres font que Prince est un chien agréable à promener pour quelqu'un comme moi. Il n'avance pas vite et ne tire pas sur sa corde. 

    Je promène Prince depuis maintenant une demi-heure environ. Nous sommes sur le chemin du retour car je vois bien que la pauvre bête veut rentrer chez elle pour se coucher dans son panier. Je pense que ce chien ne vivra pas jusqu'à l'année prochaine. C'est un compagnon adorable mais il faut se rendre à l'évidence, il est aussi mou qu'une tortue et sa vieillesse ne l'arrange pas. Alors que nous passons dans un parc pour rentrer plus rapidement, car oui, je lui épargne le grand tour comme j'aurais pourtant dû le faire si je voulais bien suivre les ordres de sa maîtresse. Alors que j'encourage Prince à bien vouloir avance quand monsieur ne souhaite qu'une chose, se coucher dans l'herbe pour ne plus avancer. Je trouve que je suis vraiment très patiente avec ce chien.

    Alors qu'il s'est arrêté au moins pour la cinquantième fois depuis cinq minutes, et que je commence à être un peu agacée, je remarque qu'en face de nous il y a un banc. Et sur ce banc, il y a quelqu'un. Quelqu'un que je connais. Léo est assis, la tête regardant vers le ciel. Il devait probablement courir si j'en juge à la tenue de sport qu'il porte. Quand il ne regarde plus le ciel, il me remarque. Je ne m'attendais pas à le voir. Et lui non plus ne devait pas s'attendre à me croiser vu l'expression de son visage à cet instant. 

    La pluie menaçait de tomber depuis un moment. Les nuages assombrissaient le ciel d'une triste teinte grisâtre. Mais je ne pensais pas que la pluie tomberait tout à coup et surtout pas en torrent. Prince se relève aussitôt sur ses quatre pattes, la pluie semblant le motiver à bouger pour se mettre au sec. Et disons qu'il ne compte pas aller bien loin puisqu'il y a un petit abris à quelques mètres de nous. Pour une fois, Prince fait preuve de motivation et me tire sous l'abri. La pluie martèle le sol. Léo vient, lui aussi, s'abritait. 

    Il jure en enlevant sa capuche. Je suppose qu'il n'y a plus qu'à attendre que la pluie se calme voir même qu'elle s'arrête. Prince se secoue pour enlever l'eau de ses poiles, m'éclaboussant au passage. Bon, j'étais déjà trempée à cause de l'averse mais je me serais bien passée de cette deuxième mini-douche. Léo jette un coup d'oeil vers le vieux chien avant de regarder droit devant lui, en direction du parc. 

    "Je ne savais pas que tu avais un chien, se contente-t-il de me dire.

    -Ce n'est pas le mien. Il est à ma voisine. Je le promène juste, des fois, à l'occasion. 

    Je ne suis pas vraiment obligée de lui donner autant de détails et pourtant, je le fais et je lui pose même une question par la suite. 

    -Et toi, tu étais en train de courir, non?

    J'aurais pu ne dire par la suite. Nous nous serions murer dans le silence jusqu'à ce que l'averse se calme. Cela été aussi une solution plaisante mais, j'avais quand même envie de lui parler, même si ce n'était pas très naturel de chercher ses mots comme je le faisais. Léo avait l'air si mal depuis quelques jours que je me dis que le laisser sombrer dans la solitude n'est pas une bonne chose. Je me demande si des idées noires lui ont déjà traverser l'esprit? Si je lui parle, même si ce n'est que de choses banales, peut-être oubliera-t-il, ne serait-ce que quelques instants, ses problèmes? 

    -Ouais."

    Il n'avait pas forcément envie de parler? Oh, cela aussi, elle pouvait le comprendre. Elle ne le forcerait pas à parler s'il n'en avait aucune envie. Elle regarda Prince et lui caressa la tête. Le gros chien aboya de contentement, appréciant les caresses sur sa tête. Le canidé se tourne vers Léo et le regarde avec de grands yeux quémandant des caresses, la langue pendue vers le sol. Léo regarde la bête quelques instants et soupire avant de céder et de poser sa main sur la tête du chien. 

    Tout à coup, le téléphone de Léo sonne. Il arrête aussitôt de caresser Prince et le sort de poche de jogging. Il regarde le numéro, semble hésiter à répondre mais finalement, il décroche. Il cherche à s'éloigner mais l'abris est trop petit. 

    "Allô maman? "

    Il lui parle pendant quelques minutes. J'ai un peu honte d'entendre sa conversation. J'ai l'impression que je ne devrais pas entendre tout cela. Je ne me sens pas vraiment à ma place. Il parle de prendre ses affaires pour les déménager chez sa mère. Il parle aussi de son père. Il essaye de ne pas parler fort afin que je n'entende pas. Manque de chance, cela ne marche pas. J'entends toute leur conversation et en l'entendant, je comprend pourquoi il est dans cet état depuis plusieurs jours. Enfin, quand il raccroche, je n'ose pas lui poser la question. Lui demander: Au fait, tes parents se sont séparés?... Ce n'est pas vraiment très fin ou diplomatique de ma part. Je regarde le sol de gravillons du parc martelé par la pluie. Je ne dis pas un mot, c'est lui qui prend la parole.

    "Tu as tout entendu, n'est-ce pas? 

    Je me contente d'hocher la tête faiblement. Il m'ordonne alors de répondre par des mots de façon clair.

    -Oui."

    Léo s'approche de moi, m'attrape le bras, me retourne face à lui et m'enlace, laissant sa tête tombée sur l'une des mes épaules. Je ne réagit pas. J'ai à peine vu son visage dont les joues étaient trempés par les larmes. Il pleure. Il pleure appuyé sur mon épaules, secoué par des sanglots. Je ne ressens aucune pitié ou compassion pour lui, juste une immense tristesse devant son désarroi. Je le prend alors moi aussi dans mes bras, n'étant pas insensible à sa détresse, et je lui frotte le dos dans le but de tenter de le réconforter, ne serait-ce qu'un peu.  


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    Lucius est un loup-garou. 


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    -Image: We Heart It-

    Les couloirs du vieux manoir étaient plongés dans l'obscurité. Tous les rideaux étaient fermés, de jour comme de nuit. Les sols étaient recouverts par des tapis luxueux aux motifs sombres et complexe qui semblaient, cependant, raconter une histoire. Une vieille histoire sonnant plus comme une légende. 

    Dans le manoir lugubre, où le silence régnait à cette heure-ci, des pas  courant, dans les couloirs, résonnaient. Une bête, semblable à un chien, mais un très gros chien, avait l'air pressé. Les crocs de sa mâchoire étaient impressionnants. Nul doute que cette bête, si vous la croisiez, vous mangerez sans difficulté. Elle tenait dans sa gueule un morceau de papier. La bête ne s'arrêta que lorsqu'elle parvint devant une immense porte fermée décorée de motifs baroques. 

    L'énorme chien, qui n'était autre qu'un loup changea alors d'apparence. Passant de son visage bestiale à celui d'un homme d'âge mûr, aux traits sévères et aux yeux perçants. Il frappa à la porte et attendit qu'une voix masculine lui autorise à entrer. Il entra aussitôt. 

    La pièce était aussi richement décorée que la porte qui permettait d'y accéder. Elle était immense et à son extrémité, on discernait un trône, au-dessus duquel, un motif en forme de croissant de Lune, était sculpté, orné de pierres précieuses dont la blancheur le faisait briller de mille feux. Sur ce trône, un homme était assis. Il était plutôt jeune et son visage était bienveillant. Il avait de longs cheveux attachés en une queue de cheval mais surtout, d'une bien étrange couleur, argentée. C'était lui qui avait autorisé l'homme-bête  à entrer. Ce dernier s'agenouilla devant celui aux cheveux argentés.

    "Quelles nouvelles m'apportes-tu, Droy?

    L'homme agenouillé releva la tête et présenta le papier.

    -Un Réveil est prévu demain soir, expliqua le dénommé Droy. 

    -Intéressant, sourit l'homme aux cheveux argentés.

    Il semblait particulièrement content de cette nouvelle, trépignant comme un enfant sur son trône. Un Réveil, ce n'était pas tous les jours qu'il y en avait un. C'était même très rare. Parfois, il n'y avait même pas un dans une décennie. 

    -Maître Ronan, lance-t-on le code ELP? s'informa Droy.

    Ronan se leva de son trône. Il était grand et avait une musculature assez impressionnante qu'on pouvait très bien imaginer sous ses vêtements. Il s'approcha de la fenêtre la plus proche et entrouvrit un rideau, observant la Lune qui était presque pleine. Demain soir, elle le serait. Demain était un grand jour!

    -Bien sûr. Cette petite perle doit rejoindre nos rangs. Surveillez la et amenez la demain soir, ici.

    Ronan avait pris le papier de l'homme-loup. Il regarda l'identité de sa future recrue. Une fille cette fois-ci. Il sourit. 

    -Assure-toi qu'aucun Loup ne la touche. Si je vois qu'elle a une seule égratignure en arrivant devant moi, je t'en tiendrais pour responsable.

    -Je connais sa valeur. Nous la protégerons. 

    -Bien. Tu peux disposer."

    Ronan regagna son trône tandis que Droy s'inclina avec respect pour le saluer et sortit de la pièce. Il reprit sa forme bestiale et refit le chemin qui l'avait mené ici en sens inverse. Droy avait une lourde responsabilité sur les épaules. 

    ***

    Edwige ne pouvait que sourire aujourd'hui. Cette journée allait forcément être géniale. Déjà parce que c'était son anniversaire et aussi car elle n'avait pas cours. Mais ce soir, elle serait avec ses amis et fêterait dignement ce jour. Le Soleil étincelait dès ce matin de juillet.  Le bac était passé depuis un moment déjà et les vacances étaient arrivées. Edwige l'avait obtenu avec la mention Bien et elle en était très fière.   Tout se passait parfaitement bien dans sa vie depuis quelques mois déjà.  Elle avait été accepté dans l'école supérieur qu'elle voulait, elle avait son logement et maintenant, son bac avec mention, sans oublier son permis et une voiture. Cette dernière appartenait anciennement à sa grand-mère qui avait décidé de la lui donner et de profiter de l'occasion pour s'en racheter une nouvelle. 

    La jeune fille se rendit dans la salle de bain pour s'habiller. Il faisait déjà chaud, ce matin, elle mit alors simplement un jean slim d'une couleur assez clair avec un débardeur blanc tout simple avec des petits rubans. Elle attache ensuite ses cheveux bruns, qui lui arrivent, quand ils sont détachés, aux épaules, en une queue de cheval. Cependant, quand elle se regarda de plus prêt devant le miroir, Edwige distingua d'étranges reflets bleutés qu'elle n'avait alors, jusqu'à présent, jamais remarqué. Elle fronça les sourcils, restant quelques instants assez perplexes. Elle mit, finalement, la couleur bleutée sur le compte de la luminosité. Edwige se maquilla alors, juste, ensuite. Elle n'en mettait pas beaucoup, juste un peu d'anticerne pour ne pas ressembler à un zombie, sa peau n'ayant pas spécialement besoin d'être couverte pas autre chose et une touche de mascara. 

    Elle partit ensuite prendre son petit-déjeuner, un sourire scotché sur le visage. Ses parents et sa soeur l'attendaient dans la cuisine et lui souhaitèrent un joyeux anniversaire en  la voyant. 

    "T'es une vieille maintenant, lui dit sa petite soeur, Cécilia avec un ton neutre.

    -Ouais. Théoriquement, j'ai plus de liberté."

    Edwige ébouriffa les cheveux longs, aussi bruns que les siens -mais sans les drôles de reflets bleutés-, de sa soeur. Cécilia ne broncha pas, se contenant de les remettre en ordre. Elle n'était pas une fille très expressive. Cécilia avait souvent un air neutre sur son visage de poupée et le fait qu'elle ne parle que très peu, la rendait, finalement assez mystérieuse. Elle tendit à sa soeur un paquet cadeau et les yeux d'Edwige s'illuminèrent. Elle déballa le cadeau pour découvrir un collier en argent avec un pendentif en forme de petite étoile. 

    "Oh! Cécilia! Il est magnifique, merci!", s'exclama Edwige en prenant sa soeur dans ses bras.

    Cécilia esquissa un léger sourire. Les parents d'Edwige, eux, lui offrait une voiture afin qu'elle puisse maintenant se déplacer comme elle le souhaitait. Le sourire d'Edwige faisait tout son visage. Elle trépignait sur place d'impatience et de joie. 

    Elle grimpa dans le véhicule avec sa petite soeur, qui tenait à être la première passagère. Edwige démarra la petite voiture et s'en alla faire un tour avec Cécilia. Cette dernière, en regardant sa soeur, fronça un peu les sourcils.

    "Tu as fais quelque chose à tes cheveux? On dirait qu'ils ont des reflets bleu marine. 

    Edwige tourna un instant sa tête vers Cécilia. Ainsi, elle n'était pas la seule à voir ces étranges reflets.

    -Non. Je me suis réveillée comme ça, ce matin. 

    Cécila poussa un petit cri qui fit sursauter la conductrice. 

    -Ne cris pas comme ça! Tu vas me faire faire des bêtises! Tu veux finir dans un fossé?! la gronda Edwige.

    -Tes yeux! s'exclama Cécilia.

    Edwige avait des yeux noirs, aussi sombres que ceux de sa soeur. 

    -Qu'est-ce qu'ils ont? soupira celle-ci.

    -Ils sont violets! "

    Edwige haussa un sourcils, perplexe. Comment cela, ses yeux sont violets? Elle grogna contre Cécilia en lui disant qu'elle n'avait pas intérêt  à lui faire une mauvaise blague. Elle se gara dès qu'elle pu et baissa le pare-soleil au-dessus de sa tête pour accéder au miroir incrusté dedans. Et elle pâlit en découvrant qu'effectivement, ses yeux n'étaient plus noirs mais bien violets. Cécilia lui demanda si elle mettait des lentilles, Edwige répondit par la négative. Elle-même ne comprenait pas du tout ce changement de couleur qui l'inquiétait un peu. Elle se dit qu'elle irait voir son médecin dès demain. Inutile de gâcher sa journée d'anniversaire à cause de ses yeux étranges. Et puis, tant qu'elle n'avait pas mal, tout allait bien, n'est-ce pas? 

    Ses parents lui firent également une remarque sur ses yeux quand Edwige et Cécilia revinrent de leur petit tour. La fille aînée tenta de les rassurer en leur assurant qu'elle se rendrait chez le médecin dès le lendemain. Cependant, les parents d'Edwige étaient tout de même très inquiets pour leur progéniture bien qu'ils acceptèrent de la laisser tranquille pour aujourd'hui seulement. 

    La journée passa à une vitesse impressionnante. Edwige ne la vit pas défiler. Le soir arriva plus rapidement qu'elle ne le pensait. Elle se prépara pour sa fête d'anniversaire. Edwige ne l'avait pas préparée. C'était des amis qui le lui avait dit, il y a que quelques jours seulement. Elle garda le même jean mais mit un haut propre qui faisait un peu plus soirée. Elle prit une petite veste, car même s'ils seraient  à l'intérieur, elle craignait d'avoir un peu froid. 

    Quand elle fut prête, elle embrassa ses parents et Cécilia, leur souhaitant une bonne soirée. Son père la pria d'être prudente, tout de même. Edwige sourit et le lui promit. Cécilia précisa à sa soeur que ses yeux avaient pâlit prenant une teinte à présent violet clair et que ses cheveux semblaient un peu plus bleus. Edwige pu constater, elle-même, ces éléments quand elle passa devant le miroir qui se trouvait dans l'entrée. Quelque chose n'allait pas du tout chez elle. Son changement d'apparence la laisser perplexe. Les cheveux et les yeux ne changent pas de couleur du jour au lendemain, de façon aussi brutale. 

    Ses amis ne manquèrent pas de lui demander ce qu'elle avait fait à ses cheveux et ses yeux lorsqu'elle arriva. Ils ne la crurent pas quand elle affirma qu'elle n'avait rien fait, justement. C'était pourtant la vérité mais qu'importe. La musique envahit assez vite la salle de fête où la soirée se passait. Il y avait de l'alcool aussi. Edwige n'aimait pas spécialement  boire. Elle prit un verre et se contenterait de celui-ci pour la soirée. Si elle avait soif, elle prendrait une boisson non alcoolisée. Elle avait d'ailleurs déjà repéré une bouteille de jus d'orange qui a la base, devrait servir pour des mélanges. Mais s'il en y avait une, il devait sûrement en avoir plusieurs. 

    La soirée avait commençait depuis quelques heures. Il était presque minuit. En fait, il le serait dans quelques minutes. Edwige avait soufflé les bougies d'un gros gâteaux qu'une de ses amies avait fait pour elle et pour tous les invités de ce soir. Le sourire du visage de la jeune fille ne l'avait toujours pas quitté. C'était probablement le plus beau jour de sa vie. Elle ne regrettait rien de cette journée et si elle était à refaire, Edwige aurait voulu qu'elle se passe exactement de la même façon. 

    Puis, minuit arriva. Et le rêve se transforma en cauchemar. Alors qu'elle dansait, Edwige fut prise d'un grand mal de tête. Elle eut l'impression qu'elle allait s'écroulait. Elle prit sa tête entre ses mains, les personnes autour d'elle ne semblant pas voir qu'elle allait soudainement mal. La musique ne lui parvenait plus aux oreilles, et pourtant, elle était forte. Une amie d'Edwige posa sa main sur l'épaule de la jeune fille lui demandant si elle se sentait bien. Elle ne l'entendit pas. 

    Alors que la migraine semblait s'éternisait alors qu'elle avait commencé, en réalité, que depuis quelques secondes, Edwige crut entendre une voix résonner dans sa tête. Elle se sentit alors comme appelée par cette dernière. La voix lui disait de sortir du bâtiment. Edwige releva la tête, comme hypnotisée, elle s'approcha vers la fenêtre la plus proche et ouvrit le rideau qui recouvrait la fenêtre. 

    Il faisait nuit dehors quand Edwige ouvrit la fenêtre. Son regard se porta alors vers la Lune qui était pleine ce soir-là. Elle diffusait une douce lumière bienveillante et Edwige tendit, tel un automate, son bras vers l'astre lunaire. La voix lui soufflant un unique mot; un prénom: Edaline. Edwige ne connaissait aucune personne portant ce prénom. Le vent soufflait fort faisant s'envoler ses cheveux. 

    Tout à coup, une énorme bête sauta par-dessus la fenêtre, bondissant sur Edwige qui hurla se sentant propulsée sur le sol. Sa tête se heurta ce dernier, faisant redoubler d'intensité la migraine. Les invités de la soirée se mirent eux aussi à hurler en voyant la bête menaçante. Deux autres entrèrent par la fenêtre et menacèrent de leurs crocs acérés quiconque tentait de s'approcher. 

    Edwige était paralysée par la peur. Elle voyait les yeux démentiels du loup la fixer avec animosité. Elle crut défaillir en voyant que l'énorme animal ouvrir sa gueule prêt à la réduire en morceaux entre ses puissantes mâchoires. Des hurlements de loups se firent entendre. Celui qui tenait Edwige releva la tête et se fit, à ce moment là, renter dedans par un nouveau loup qui venait de pénétrer dans l'enceinte du bâtiment. Il n'était pas le seul. 

    Une fille qu'Edwige ne connaissait pas se précipita sur elle. Elle ressemblait à une petite fleur de printemps avec ses cheveux roses pastels d'une longueur impressionnante, Edwige pouvait discernait la couleur de ses cheveux grâce à la lumière de la Lune. 

    "Tu m'entends? demanda-t-elle à Edwige. Tout va bien se passait maintenant."

    Elle avait une voix douce et apaisante. Edwige esquissa un sourire, rassurée par cette présence presque angélique, puis, elle s'évanouit. 


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    -Image: We Heart It-

    Edwige se trouvait dans un monde sombre. Elle tournait sur elle-même pour distinguer, ne serait-ce qu'une once de lumière. Cependant, elle ne vit rien. Elle avança à l'aveugle, les bras en avant. Elle avait l'impression d'étouffer et se sentait oppressée. La jeune fille eut alors l'impression de couler, tout à coup, dans un liquide qui l'attirait vers des profondeurs funèbres. 

    C'est à ce moment qu'elle vit enfin de la lumière, au-dessus du liquide dans lequel elle se débattait, avec une force désespérée. Edwige se mit alors à nager vers la surface, commençant à manquer d'air. Enfin, elle arriva à la surface de l'eau. La source de lumière qu'Edwige avait aperçu était, en fait, la Lune. Elle scruta autour d'elle et ne vit rien d'autre que de l'eau... une eau teintée d'un affreux rouge sang qui lui donna la chair de poule. 

    Et puis, tout à coup, tout changea... ou presque. Edwige se sentit tomber et elle ferma les yeux. Quand elle est rouvrit, la Lune était toujours là, diffusant une douce lumière apaisante. L'eau, elle, en revanche, n'était plus là. Edwige regarda, une nouvelle fois, autour d'elle. Elle se trouvait à présent dans une plaine verdoyante qui s'étendait à perte de vue. Dans le ciel resplendissait des étoiles lointaines. Edwige n'avait rien vu de plus beau ni de plus spectaculaire. Elle était entièrement émerveillée par la sobriété, mais aussi, la beauté de ce lieu qui lui était totalement inconnu. Cette émotion remplaça d'un revers de la main, la terreur qu'elle avait ressentit quelques instants plus tôt. 

    La voix qu'elle avait entendu lors de sa soirée d'anniversaire résonna dans sa tête. Edwige ne pouvait pas s'empêcher de fixer la Lune.

    "Enfant... Tu as été choisie... Enfant de la Lune. Edaline. Honore par son sang, ce monde et la Lune. Edaline."

    Puis, plus rien. Tout disparu et Edwige se retrouva plongée dans obscurité la plus complète. Elle n'avait cependant pas peur. Une étrange impression lui faisait sentir qu'elle n'avait pas besoin d'avoir peur. 

    Edwige ouvrit les yeux avec difficultés. Elle était jusqu'alors endormie. Sa vision fut d'abord extrêmement floue, puis, elle devint de plus en plus nette. Edwige souffrait d'un mal de tête intense. Elle grimaça. Puis, la panique s'empara d'elle quand elle remarqua qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. Et tout lui revint en mémoire ! Elle était à sa fête d'anniversaire... La Lune, le loup... les autres... et la fille aux cheveux roses. Edwige avait sans doute dû rêver! Oui! Elle avait rêvé. Des loups de cette taille... cela n'existait pas! Et surtout, ils n'auraient rien à faire en ville! C'était forcément un cauchemar. Un affreux, horrible, abominable cauchemar. 

    Cependant, où était-elle? Avait-elle tellement bu qu'elle ne se souvenait pas de ce qu'elle avait fait? Pourtant, il ne lui semblait pas avoir bu tant que ça... juste un verre pour être plus précis. 

    Elle était dans une pièce spacieuse. Les murs étaient d'un blanc immaculés presque éblouissants. Il n'y avait aucune décoration. Edwige eut l'impression de se trouver dans une infirmerie ou une chambre d'hôpital. Elle entendit du bruit venant de sa gauche et elle tenta de se lever. Mais elle n'y parvint pas, se sentant bien trop faible.

    Ensuite, Edwige entendit des bruits de pas venir vers elle. Des talons?  Puis, elle distingua un visage familier se pencher vers elle. Il s'agissait de la fille aux cheveux roses. 

    "Oh? Tu es réveillée! C'est génial. Comment te sens-tu?

    -Mal."

    La fille s'éloigna et revint avec un comprimé et un verre d'eau. Elle ordonna à Edwige de les prendre en  lui promettant que cela calmerait la douleur. Edwige obéit et se pinça, afin d'être certaine qu'elle ne rêvait pas. Car, si la fille était réelle, cela voulait dire que tout ce qui c'était passé avant qu'elle ne perde connaissance était tout aussi réel. Malheureusement, Edwige se rendit compte qu'elle se trouvait bel et bien dans la réalité. Elle était assez nerveuse.

    "Qui es-tu ? Et d'abord, où suis-je? demanda-t-elle à la fille aux cheveux roses. 

    Celle-ci offrit un sourire rayonnant à Edwige. 

    -Calme-toi, gloussa-t-elle. Tu n'as rien à craindre. Je t'expliquerais tout plus tard. Pour le moment, repose toi. Tu as été drôlement secouée la nuit dernière.

    -C'était quoi, ces bêtes?

    -Je t'ai dis de te reposer."

    Elle avait encore son sourire sur le visage mais son ton ne donnait aucune place à la discussion. Cette fille n'avait pas l'air méchante et, apparemment, elle l'avait sauvée alors... Edwige pouvait probablement lui faire confiance. De toute manière, elle n'avait guère d'autre choix, se sentant trop faible pour se mettre debout, Edwige se rendormit assez rapidement, encore très fatiguée.

    Quand elle se réveilla à nouveau, plusieurs heures avaient passé. Elle était seule. Edwige se sentait déjà mieux, elle s'assit et constata qu'elle portait une blouse blanche, comme dans les hôpitaux. Elle se trouvait donc bien dans un hôpital? La jeune fille se leva. La porte n'était pas si loin. Edwige se mit à marcher pour l'atteindre, elle tourna la poignée et sortit de la pièce. 

    Un couloir plongé dans le noir s'étendait devant elle. L'obscurité du couloir contrastait tellement avec la blancheur de la pièce dans laquelle Edwige était quelques instants plus tôt. Elle en fut assez étonnée et ses yeux durent s'habituer à la pénombre. 

    Progressant assez lentement en suivant le mur, Edwige se sentait un peu oppressée et perdue. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait autour d'elle. Tout à coup, elle entendit des sons de voix. Elle ne savait pas si elle devait se diriger vers elles ou non mais, au pire, que risquait-elle? On l'avait sauvée, elle ne devait sûrement pas risquer grand chose. 

    Les bruits de voix la conduisirent devant une porte qu'elle ouvra un peu. Il y avait deux voix, une féminine et une masculine. La première, Edwige la reconnue aussitôt, c'était celle de la fille aux cheveux roses. Quand à la deuxième... Elle n'en avait aucune idée. Elle regarda d'un oeil dans la pièce. Elle vit alors un énorme loup qui parlait. Prise d'horreur, Edwige fit un bon en arrière en criant alertant alors le loup et la fille. Cette dernière sortit en trombe et se retrouva face à une Edwige tombée à la reverse, les yeux exprimant toute la terreur qu'elle pouvait ressentir. La fille s'abaissa à sa hauteur et la regarda dans les yeux.

    "Il ne faut pas avoir peur. Je sais ce que tu as vu. Je sais ce qu'il t'est arrivé hier soir. Mais Droy n'est pas un ennemi. Il est de ton côté, de notre côté. Mais il ne faut pas t’inquiéter. Tu n'as rien. Tu as juste été un peu sonnée.  Je comprend que tu te sentes bousculée par les événements mais tu vas bientôt comprendre."

    Edwige ne répondit pas. Elle observait l'homme qui se tenait derrière la fille aux cheveux roses. Il était sorti de la pièce où était la bête. C'était lui le monstre qu'elle avait aperçu. C'était un loup-garou?! 

    La fille aida Edwige à se relever et, toujours en souriant, lui demanda de la suivre. Edwige accepta, la fille la rassurait. Elle regardait fixement l'homme qui en faisait autant. Quelque chose dans les traits de son visage lui rappelait quelqu'un qu'elle connaissait et un frisson lui parcouru la colonne vertébrale. 

    Les deux filles se rendirent dans une autre pièce. Celle-ci était très lumineuse et ressemblait à une grande penderie. Edwige se demanda ce qu'elle faisait là. 

    "Pourquoi tu ne réponds pas à mes questions? 

    La fille se tourna face à elle. 

    -Parce que je n'ai pas le droit de t'expliquer. Mais c'est bientôt le moment où tu vas connaître la vérité. Je dois juste te préparer avant cela. Tiens! s'exclama-t-elle en attrapant une robe bleu pastel avec des motifs floraux très printaniers. Vas essayer celle-ci. Oh! Et je m'appelle Azalie, sourit-elle.

    Edwige prit la robe.

    -Et moi, Edwige. 

    -Je sais parfaitement qui tu es. Mais.. Edwige appartient au passé", ajouta-t-elle sur un ton assez malicieux.

    Edwige fronça les sourcils mais ne posa aucune question, sachant qu'Azalie ne lui donnerait aucune réponse. Elle partit enfiler la robe. Quand elle revint, Azalie frappa dans ses mains et s'exclama qu'elle ressemblait à un bonbon à croquer. Etait-ce vraiment un compliment ? Cela en avait tout l'air et Edwige la remercia. 

    Elles sortirent de la pièce dressing et Azalie conduisit Edwige, à travers les couloirs, toujours aussi sombres, jusque devant une grande porte impressionnante. L'homme, qui se nommait Droy se trouvait devant la porte. Il était impassible et la dureté des traits de son visage firent un peu peur à Edwige. Surtout qu'elle connaissait ce qu'il était vraiment. 

    "Elle est prête", dit Azalie. 

    Droy hocha la tête et ouvrit la porte. 

    Edwige fut impressionnée par la grandeur et la majesté de la salle dans laquelle elle venait tout juste de pénétrer. Tout au fond, elle remarqua immédiatement l'homme assis sur un trône. Il avait une sorte de présence royal et ses cheveux argentés semblaient danser entourant son visage d'ange. 

    "Voilà enfin mon cher nouveau trésor! s'exclama-t-il en se levant, un sourire radieux illuminant son visage. 

    Edwige ne dit rien. Elle le regarda s'approcher, sans oser bouger. 

    -Tu n'as pas été maltraitée? l'interrogea-t-il. 

    -Non, il me semble que non. Puis-je vous demander qui vous êtes et ce que je fais ici? 

    Elle était décidé à obtenir des réponses et si Azalie ne lui en avait donné aucune, peut-être que lui serait plus disposé à lui en fournir. Cette dernière se tenait à quelques mètres derrière Edwige, aux côtés de Droy. L'homme se mit à rire.

    -Mais bien sûr, tu as le droit de tout savoir. Mon nom est Ronan. Et toi, dis-moi quel est le tien? 

    -Edwige. 

    Il se mit à rire.

    -Non. Ce n'est pas la bonne réponse. 

    Le ton de sa voix exprimait une certaine exaltation. Edwige se sentit mal à l'aise. Elle avait l'impression d'être le jouet d'un enfant, bien que ce jeune homme ne ressemblait pas du tout à un enfant. 

    -C'est pourtant mon prénom.

    -Pas exactement, expliqua-t-il. Fait un effort. Tu l'as entendu. Ton vrai prénom, pas celui que des humains t'ont donnée à ta naissance. Ferme les yeux. Et souviens toi du nom que tu portes. De ton véritable prénom.

    Les yeux clos, Edwige chercha dans sa mémoire le nom que voulait Ronan. Et, sans qu'elle eut à réfléchir, un prénom lui vint immédiatement à l'esprit.

    -Edaline?

    Ronan sourit comme pour lui signifier qu'elle avait juste. 

    -Bien. Viens t'asseoir. Nous avons beaucoup de choses à nous raconter."

    Ronan renvoya Azalie et Droy de la pièce pour se retrouver seulement avec Edwige. Celle-ci regarda autour d'elle mais le seul "siège" de cette pièce, c'était le trône. Et elle n'oserait pas s'asseoir dessus. Ronan fit, alors, quelque chose qui la surprit beaucoup. Il tendit sa main vers un mur de la pièce et un nuage de fumée se matérialisa contre le mur. Quand il se dissipa, un sofa était apparu. Edwige ouvrit ses yeux ronds de surprise. Elle allait d'étonnement en étonnement. Ronan l'invita à s'asseoir dessus et elle n'osa pas refuser. 

    Une fois qu'ils furent tous les deux assis, Ronan prit la parole. 

    "Sais-tu ce que tu es? 

    -Non. Et je ne comprend rien à ce qui se passe. 

    -Je vais t'éclairer. Mais, d'abord, laisse-moi te raconter une petite histoire. 

    Edwige le regarda, un peu perplexe. Elle se trouvait chez des fous? Elle avait la désagréable impression de ne rien maîtriser, de tout subir et de devoir simplement suivre le sens du courant vers lequel on la poussait. Ronan commença à raconter son histoire:

    -Les loups-garous existent depuis la nuit des temps. Les hommes n'ont jamais eu, véritablement de preuves de leur existence. Certains en ont déjà vus, ce qui expliquent les légendes sur eux. Mais ce n'es past véritablement le sujet de cette histoire. Les loups ont toujours vénéré la Lune. C'était et c'est toujours l'équivalent d'une déesse pour eux. Et si les loups sont une vieille espèce, il en existe une seconde, toute aussi ancienne: celle des Enfants de la Lune. Ceux-ci sont des humains nés à minuit pile un soir de pleine Lune. A leur naissance, ces enfants obtiennent des capacités endormies jusqu'à ce qu'ils deviennent des adultes. Ces capacités s'éveillent à l'âge de 18 ans.

    Edwige écoutait avec attention les propos de Ronan. Au début, elle ne comprenait pas où il venait en venir mais maintenant elle saisissait que ce qu'il racontait n'était pas simplement une histoire. Il lui expliquait ce qu'elle était et pourquoi. A vrai dire, Edwige avait bien du mal à croire les dires de Ronan. Elle ne paniquait pas et pourtant, il y avait quand même de quoi. Ronan continua son récit:

    -Au départ, les loups ont pris les Enfants de la Lune pour des dieux vivants, du fait de leur lien avec la Lune. Ils les vénéraient.  Et il est vrai que les Enfants de la Lune ont un lien très fort avec elle mais aussi avec les loups. Ils ont de grandes capacités qu'on peut assimiler à de la magie. Mais ils ont aussi une capacité très rare qu'ils peuvent apprendre leur permettant de contrôler les loups comme des pantins. Et ceux-ci ont commencé à craindre les Enfants de Lune. Certains loups continuaient de leur faire confiance mais d'autres ont voulu leur extermination. Une guerre a éclaté entre les deux espèces, certains loups restant cependant fidèles aux Enfants de  la Lune, continuant de les voir comme des êtres supérieurs à eux et intermédiaire de leur Lune adorée. Beaucoup d'Enfants de la Lune ont péri. Aujourd'hui, la majorité des loups recherchent les Enfants de la Lune s'éveillant pour les tuer, les considérant comme leur ennemi juré.

    -C'est ce qui m'est arrivée, hier soir? 

    Ronan hocha la tête et lui sourit de manière réconfortante en voyant le visage pâle d'Edwige.

    -Tu es en sécurité ici. Tu es sous la protection de l'Ordre Lunaire. J'ai créé cette organisation afin de protéger mes semblables. 

    -Il n'y aucune légende sur les Enfants de  la Lune. Pourquoi?

    Le sourire de Ronan s'accentua. Il semblait assez amusé des questions de sa nouvelle protégée. 

    -Les humains se sont un peu emmêlés les pinceaux. Ils assimilent les vampires comme ennemis aux loups. Ce n'est pas faux, ce sont deux espèces qui ne s'entendent pas mais leur rapport est moins tendu qu'avec nous. Et puis, les humains ont une fausse idée de ce qu'est un vampire. 

    Ronan frappa deux fois dans ses mains. Un nuage de fumée se forma au creux de ses mains et il en apparu une photo. 

    -Voici un vampire."

    Edwige se pencha pour regarde l'image. Elle vit une femme, mince avec une peau très claire, un peu maladive. Ronan lui expliqua que les vampires ne buvaient pas de sang. Ils se nourrissent en réalité de la sève des arbres. 

    "Alors, d'où vient ce mythe qu'ils se nourrissent de sang? demanda Edwige, fascinée et effrayée par tout ce qu'elle venait d'apprendre. 

    -Comme je l'ai dit, les humains ont eu tendance à tout comprendre mal et mélanger des histoires. Ils confondent les vampires avec les Enfants de la Lune. Ils ont mélangé nos deux espèces pour en donner une qu'ils nomment vampire.

    Ronan avait l'air sincèrement amusé par ce que croyaient les humains.  Edwige, elle, avait pâli. Selon les dire de Ronan, elle était une Enfant de la Lune. Mais, est-ce qu'elle avait bien compris ce qu'il venait tout juste de dire?

    -Vous voulez dire que ceux qui boivent du sang...

    -Oui. Ce sont les Enfants de la Lune. Le sang animal ou humain leur est nécessaire. 

    Edwige toucha ses canines. Aucune n'était très pointues et l'homme aux cheveux argentés soupira.

    -Encore des balivernes humaines. Ce sont les vampires qui ont de dents pointues. Il leur faut bien cela pour percer l'écorce des arbres et atteindre la sève. Nos dents sont semblables à celles des humains. Le sang coule facilement. Des dents acérés ne nous sont pas indispensables."

    La jeune fille n'était pas rassurée par ces propos. Ronan lui expliqua qu'elle était perçue comme un danger par beaucoup de loups et qu'elle ne devait pas quitter ce manoir, siège de l'Ordre Lunaire. Un endroit perdu et inaccessible, créé par Ronan. Edwige pensa à sa famille. 

    "Mes parents et ma soeur vont s’inquiéter. Tout va trop vite! Je.. je crois que je n'assimile pas encore toutes les informations que vous m'avez donnée. Laissez-moi rentrer chez moi. Je ne peux pas abandonner ma vie et faire comme si de rien n'était... 

    Elle qui cherchait la vérité, elle aurait préféré, au final, ne rien savoir. Elle voulait parler à ses parents, qu'ils la réconfortent et elle voulait aussi serrer Cécilia dans ses bras. Cécilia trouvait toujours les mots pour l'aider à aller de l'avant quand elle en avait besoin... 

    -Je crois bien que ta demande soit impossible. Tu n'es plus de ce monde pour ta famille ainsi que pour toutes les personnes que tu connaissais."

     

     

     


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