• Chapitre 2 : Le Bal

    Suite à sa rencontre avec le prince, Luciana prit congé de la famille de ce dernier. Le roi souhaitait s'entretenir avec son fils et les deux reines planifiaient des détails concernant le bal qui aurait lieu le lendemain soir. La présence de Luciana n'était nullement indispensable et la princesse en avait profité pour s'éclipser.

     

    La princesse Luciana entreprit de visiter le château. Après tout, cet endroit deviendrait son lieu de vie. Avec délice, Luciana constata que le château était très lumineux, décoré avec un grand soin et avec bon goût. Elle se plut à penser que tout le mérite revenait à la reine Danielle. Un autre constat sauta rapidement aux yeux de la jeune femme : il était assez simple de se repérer dans le château. C'était un très bon point pour prendre rapidement ses marques. En arpentant les couloirs, Luciana trouva le chemin menant aux jardins de la demeure royale. Dans le fond de ceux-ci, elle remarqua une serre. N'ayant pas envie de s'enfermer par le temps radieux du jour, bien qu'elle soit certaine que la serre soit splendide, Luciana décida de rester à l'extérieur. Une douce brise venait caressait la peau de ses bras et de son visage. C'était un temps très agréable et Luciana décida de profiter de ce dernier. La princesse regretta de ne pas avoir avec elle le roman qu'elle lisait actuellement. Elle aurait pu s'asseoir dans l'herbe, à l'ombre d'un arbre, afin de bouquiner tranquillement. Au lieu de cela, Luciana se promena dans les jardins du roi Peter et de la reine Danielle, admirant la végétation verdoyante qu'elle croisait.

    En se promenant, la princesse entendit des voix lui parvenir au détour d'un bosquet. Elle s'approcha de la provenance des sons et découvrit une étendue d'herbes où trois jeunes filles jouaient avec un ballon. Luciana n'eut aucune hésitation sur leurs identités : les princesses Rita, Gina et Sofia. Elles étaient les jeunes sœurs d'Antonio. Luciana s'approcha alors des trois fillettes afin de les saluer et de se présenter. Les trois sœurs se ressemblaient beaucoup et elles reflétaient un même visage radieux. Quand elles apprirent le nom de Luciana, l'une d'elles s'exclama :

    « Vous êtes la princesse ! »

    Leurs yeux pétillaient de bonne humeur. Luciana acquiesça. Bien entendu que les trois petites princesses avaient entendues parler d'elle par leurs parents. Si le prince avait appris bien tardivement leurs fiançailles, celles-ci avaient été décidé à l'avance et le roi Peter ainsi que la reine Danielle et il avaient dû en informer leurs trois filles. Comme de nombreux enfants, les petites princesses ne tenaient pas en place et avaient envie de s'amuser. Elle proposèrent à Luciana de se joindre à leur jeu de ballon. Celle-ci eut soudain l'air un peu mal à l'aise et refusa avec diplomatie l'invitation à jouer des fillettes. Si, pendant quelques secondes, Gina, Rita et Sofia parurent déçues, elle reprirent bien vite leur activité en délaissant Luciana. La jeune femme observa les enfants s'éloigner en riant et jouant avec leur ballon.

    Luciana n'avait jamais été très à l'aise avec les enfants. Elle trouvait qu'ils bougeaient trop et elle était toujours gênée lorsqu'elle devait s'en occuper ou interagir avec eux. Lorsqu'elle était plus jeune, Luciana était mise à part des autres enfants de la cours. La reine Ariana avait assailli sa fille de cours de toutes les disciplines afin de l'instruire le plus possible et de rendre ses connaissances les plus polyvalentes possibles. Luciana avait passé une partie de son enfance enfermée dans une bibliothèque à observer les jeunes de son âge à jouer dehors. Elle avait eu du mal à réussir à interagir avec eux, préférant la compagnie de sa mère et des adultes. Ceci expliquait qu'elle puisse se sentir gauche en présence d'enfants.

    Ensuite, la princesse Luciana continua sa promenade à travers les jardins. Luciana ne vit pas les minutes ni les heures défilées à tel point qu'elle en rata celle du déjeuner. Cela ne la dérangea pas outre mesure car la jeune femme n'avait pas faim. Cependant, quand Luciana retourna auprès de sa mère, celle-ci lui reprocha son absence au repas. La reine Ariana informa alors sa fille qu'elles étaient conviées à prendre le thé avec la famille royale durant l'après-midi. Luciana espéra qu'elle pourrait parler un peu plus avec Antonio et en apprendre un peu sur sa personne.

     

    L'heure de retrouver le roi Peter, la reine Danielle et le prince Antonio pour prendre le thé arriva rapidement. Avant de quitter leurs appartements, Ariana avait vérifié que ses cheveux tenaient bien en place et que sa fille était bien présentable. Elle jugea la préparation de Luciana plus que satisfaisante. Les deux femmes rejoignirent alors la famille du prince Antonio.

    Luciana et sa mère suivirent une servante qui les conduisit dans les jardins où se trouvait un charmant kiosque, près de la serre royale. Luciana eut la surprise de découvrir que le prince avait invité la jeune femme blonde habillée d'une voile de bateau. A la vue de la jeune femme, Luciana sentit sa mère se crisper automatiquement. Visiblement, la présence de Ro ne plaisait pas à la reine Ariana. Luciana supposa que cette réaction de sa mère était dû à une crainte que le prince Antonio n'accorde à Ro plus d'attention qu'à elle. Cette crainte, Luciana pouvait la partager. Cependant, elle se sentait assez indifférente. La princesse ressentait surtout une certaine curiosité vis-à-vis de la jeune femme.

    Ro et Luciana étaient assises l'une à côté de l'autre. Leur proximité physique permis à la princesse d'observer plus attentivement la naufragée blonde. Ro avait des traits fins et délicats. Elle ne portait plus la même robe que précédemment. Ro était habillée aux goûts de l'époque dans une robe de couleur rose. Ses cheveux étaient toujours tressés et une fleur rose exotique ornée sa chevelure. Les regards qu'elle échangeait avec le prince ne trompèrent pas Luciana. Elle remarque instantanément que l'attachement qu'elle avait perçu plus tôt chez le jeune homme était tout à fait réciproque.

    Alors que la princesse Luciana observait le couple formé par Ro et le prince Antonio, la reine Ariana vantait ses mérites à la harpe. Les compliments mirent un peu mal à l'aise Luciana qui tenta de stopper sa mère. Cette dernière lui fit bien comprendre qu'elle n'avait pas son mot à dire et Luciana retourna dans le silence.

    La princesse reprit alors son observation du tour de table en accordant une attention toute particulière à la jeune femme assise à côté d'elle. Ro se brûla avec sa tasse car elle ne la tenait pas correctement. En toute discrétion, Luciana interpella la naufragée et lui montra l'exemple afin qu'elle ne reproduise pas la même erreur. Ro la remercia en chuchotant. Bien entendu, la gaucherie des manières de Ro n'échappa pas à l'oeil de la reine Ariana. Avec mesquinerie, cette dernière fit en sorte d'humilier Ro sur en commentant ses manières. Le but était, bien entendu, de dénigrer la jeune femme aux yeux de la famille royale afin que Luciana n'en paraisse que plus intéressante et mieux élevée. Sans laisser à quiconque le temps de réagir, la reine Ariana enchaîna en changeant drastiquement de sujet. Elle proposa à sa fille de parler de ses aquarelles. Diplomatiquement, Luciana répondit qu'elle pouvait en parler une autre fois. Malheureusement, la reine Ariana n'était pas de cet avis. Elle venait d'insulter la savoir-vivre de Ro et elle comptait bien que Luciana soit mise en valeur par la suite. Elle se permit donc d'insister sur l'amour de sa fille pour la peinture. Devant l'insistance de sa mère, Luciana finit par céder. Elle s'emballa pour l'aquarelle, une activité qu'elle pratiquait trop peu souvent à son goût :

    « Les couleurs ont l'air de prendre vie sur la feuille de papier. »

    Alors que la princesse terminait cette phrase, un drame se produisit. Un serviteur faisait le tour de la table en portant un plateau rempli de biscuits garnis à la confiture de fraise. Il trébucha malencontreusement et une partie des biscuits tombèrent sur Ro. Sa robe rose s'en retrouva tâcher. Aussitôt, Ro se leva et, alors que le pauvre serviteur se confondait en excuses, elle décréta qu'elle devait partir. La naufragée quitta alors en courant le kiosque où les têtes couronnées prenaient le thé. Le prince Antonio se leva à sa suite, dans l'espoir de la rattraper, mais la reine Danielle attrapa son bras. Elle lui conseilla de la laisser partir, intimant à son fils que la jeune femme blonde avait besoin d'un moment pour elle. Luciana était trop occupée à regarder cette pauvre Ro courir en direction de la serre pour remarquer le sourire de satisfaction qui était apparu sur le visage de sa mère. En effet, l'accident n'en était pas tout à fait un. La reine Ariana avait mit sa jambe, sur le chemin du serviteur, dans le but qu'il trébuche afin provoquer cette situation.

    Le prince Antonio se rassit à contrecœur. Ro n'étant plus là, il y avait une place de vide entre Luciana et le prince. La princesse Luciana détaillait le visage de celui qui serait son futur époux. Elle y lisait de la déception et une pointe de chagrin. Ces émotions lui pesèrent alors qu'elle n'était même pas celle qui les ressentait. La reine Danielle avait bien saisi la situation et elle s'adressa à la princesse Luciana :

    « Vous parliez de vos aquarelles, continuez donc. Nous sommes curieux d'en apprendre plus. »

    Luciana hésitait à reprendre le sujet mais sa mère s'exclama que c'était une excellente idée et, qu'ensuite, Luciana pourrait se promener avec le prince Antonio. Luciana se sentit légèrement prise au piège. Sans se détacher d'un sourire de convenance, la princesse commença à reparler de l'aquarelle. Une fois que tous eurent terminer de prendre le thé, les reines Danielle et Ariana pressèrent leurs enfants de partir ensemble.

    Antonio, n'étant pas un prince désagréable et au mauvais caractère, se leva et offrit son bras à Luciana pour l'inviter à venir avec lui. D'un hochement de tête entendu, Luciana se leva à son tour et le prince et la princesse s'éloignèrent de leurs parents.

     

    Marchant côte à côte, Antonio et Luciana étaient silencieux. Chacun cherchait un sujet à aborder avec l'autre. Ce fut, finalement, Luciana qui engagea la conversation. Elle demanda au prince Antonio ce qu'il préférait par-dessus tout dans les voyages qu'il faisait. C'était un sujet où Luciana savait que son interlocuteur se montrerait bavard. Du moins, c'était ce qu'elle avait espéré en posant sa question. Et la princesse Luciana ne fut pas déçue. Antonio s’enthousiasma aussitôt en exprimant qu'il aimait tout dans ses voyages. Puis, il se montra plus précis en donnant à la princesse des exemples comme suivre le vent ou découvrir de nouveaux horizons. Naturellement, Luciana lui demanda si le confort de son château ne lui manquait pas. Immédiatement, Antonio lui donna une réponse négative. Antonio préférait largement pouvoir dormir sous l'immensité du ciel étoilé. Luciana écoutait attentivement le jeune homme et elle devait reconnaître que le prince et elle n'avaient pas du tout les mêmes aspirations ni les mêmes centres d'intérêts. Le prince Antonio avait une âme d'aventurier. Rien ne l'excitait plus que la perspective d'un voyage dans des contrées méconnues. La princesse Luciana, elle, préférait le calme d'un instant de lecture ou d'une activité culturelle telle que la peinture à l'aventure. Luciana tenta de cacher sa déception. Elle se garda bien de montrer ses doutes à celui qu'elle était amenée à épouser.

    A force de marcher autour du château, Antonio et Luciana finirent par arriver au niveau de l'écurie. Ils y trouvèrent le roi Peter ainsi que la reine Ariana. Le prince se dirigea vers son père tandis que la princesse rejoignit sa mère, dont la robe rouge venait d'être tâchée de boue par des cochons. Alors que la reine Ariana était en train de se plaindre des animaux, la princesse Luciana lui proposa naturellement son aide. Prenant de l'eau du puits à côté d'elle, faute de mieux, Luciana commença à frotter les tâches. Cependant, la reine Ariana manqua de patience et fit de grands gestes pour éloigner sa fille.

    « Je vais aller me changer, cela ira bien plus vite » grinça la reine entre ses dents.

    Tout en continuant de pester contre les cochons, Ariana se dirigea à grandes enjambées vers le château. Luciana jeta un regard en direction du roi Peter et de son fils. Elle aurait pu les rejoindre mais un certain mal être en leurs présences l'en empêcha ; alors elle préféra prendre la décision d'emboîter le pas de sa mère.

     

    L'heure du bal approchait à grands pas. Ariana terminait de vérifier que sa coiffure tiendrait bien en place au-dessus sa tête tandis que Luciana était plongée dans un livre. La princesse n'avait pas trouvé beaucoup de temps à consacrer à la lecture de son après-midi et elle profitait d'être prête pour le bal pour s'accorder ce plaisir. Elle fut tirée de son activité par sa mère.

    « Si vous trouvez du temps pour lire, vous trouverez bien le temps de m'aider à ajuster mes derniers rubans. »

    A contrecœur, la princesse déposa son ouvrage pour aller aider sa mère. Un coup d’œil à l'une des fenêtres de la pièce lui suffit à remarquer que la nuit était tombée. Certains invités devaient déjà être arrivés et il leur fallait à présent se hâter de rejoindre la salle de bal.

    Lorsqu'elles arrivèrent au lieu de réception, la reine Ariana et la princesse Luciana furent accueillis par le roi Peter et la reine Danielle en personnes. Ces derniers mettaient un point d'honneur à saluer tous leurs invités. Luciana repéra les trois filles du couple royale qui chahutaient, dans un coin de la salle. Quelques couples avaient déjà envahi la piste de danse. Un membre de la famille royale n'était, cependant, pas encore présent : Antonio.

    « Le prince n'est donc sont pas encore là ? C'est un manque de politesse évident pour tous les invités » s'indigna Ariana en prenant soin que ses paroles étaient bien audibles pour le roi Peter.

    Si ce dernier n'apprécia pas la remarque de la souveraine, sa femme posa sa main contre le bras du roi Peter et lui offrit un sourire pour l'inciter à laisser passer cette remarque. Les souverains accueillirent déjà le prochain invité.

    Le prince Antonio fit son apparition quelques minutes plus tard. Il avait revêtu une tenue plus formelle que celle qu'il portait durant le thé et il avait une couronne sur sa tête montrant ainsi son statut de prince. Luciana portait, à l'instar de son futur époux, une tiare. Des invités présents dans la salles s'agglutinèrent autour d'Antonio pour le saluer. Dès son arrivé, Luciana avait observé le prince. Elle se tenait en retrait, la tête haute, le port altier. Antonio la remarqua rapidement et une fois que la foule autour de lui se fut dissipée, il la rejoignit. Le prince l'invita alors à danser et lui tendit sa main. Luciana accepta en souriant. Malgré qu'ils n'aient pas les mêmes passions et les mêmes aspirations, Luciana devait reconnaître que le prince avait reçu une très bonne éducation et qu'il avait d'excellentes manières. Il paraissait être une personne optimiste et souriante ce qui était un très bon point dans l'estime de la princesse.

    Le futur couple royal fit son entrée sur la piste de danse. Depuis sa plus tendre jeunesse, Luciana avait reçu des cours de danse. Elles connaissait tous les styles qu'on pouvait retrouver dans les bals. Luciana fut agréablement surprise de trouver un bon danseur en son partenaire. Alors qu'ils commençaient à discuter entre deux pas, la princesse se fit curieuse et demanda :

    « Pourquoi n'étiez-vous pas avec vos parents et vos sœurs ?

    -J'écrivais une lettre à un ami qui ne pouvait pas être présent ce soir, répondit-il en souriant. Alors que j'écrivais, je n'ai pas vu le temps passé.

    -Vous écrivez sur vos voyages ? questionna alors la jeune femme.

    Après tout, l’écriture aidait à garder de souvenirs et le prince devait bien avoir envie d'avoir des traces de ses multiples expéditions.

    -Tout à fait. J'ai des carnets entiers remplis de récits de mes voyages. J'ai accumulé un bon nombre d'anecdotes.

    Consciente d'être sur un sujet plaisant pour le prince, Luciana enchaîna :

    -Peut-être pourriez-vous m'en narrer quelques unes ?

    -Cela sera avec un grand plaisir. »

    Un moment de silence s'installa par la suite entre le prince et la princesse. Tout les deux voulurent reprendre la parole en même temps ce qui les fit légèrement rire. Finalement, ce fut Antonio qui se risqua à reprendre la conversation :

    « Quels sont vos autres centres d'intérêts ? »

    Il avait constater que la princesse faisait des efforts pour s'intéresser à ce qu'il appréciait. Il considérait juste de lui retourner la pareil. Antonio ajouta une remarque sur la harpe, signifiant, par la même occasion à Luciana, qu'il avait parfaitement retenu qu'elle jouait de cet instrument. Avec enthousiasme, Luciana déclara son amour pour l'opéra et elle demanda naturellement à son interlocuteur s'il appréciait également cela. Avec gêne, Antonio avoua que ce n'était pas le cas. Luciana s'interrogea alors sur la manière dont le prince occupait son temps lorsqu'il n'était pas en voyage. Elle questionna alors Antonio sur ce point. Le jeune homme n'hésita pas sur sa réponse et déclara qu'il aimait monter à cheval. Antonio demanda, avec espoir, si Luciana avait une âme aventureuse. Gênée à son tour, la princesse répondit que ce n'était pas vraiment le cas. Alors que la danse se terminait, Luciana constatait, à regret, qu'ils n'avaient rien en commun et elle en fut un peu peinée.

    C'est à ce moment que surgit la reine Ariana. Elle parlait avec une voix forte et assez haute en faisant de grands gestes, s'extasiant sur le fait que les invités avaient les yeux rivés sur le prince Antonio. Ce dernier répondit calmement que les personnes présentes devaient plutôt être concentrés sur la beauté de Luciana. Bien que le compliment fit plaisir à la princesse, celle-ci savait qu'Antonio l'avait surtout dit par politesse. Il pouvait la trouver belle mais il ne la regardait pas comme il avait déjà regardé Ro plus tôt dans la journée. Antonio s'excusa avant de s'éloigner des deux femmes pour aller rejoindre ses petites sœurs et leur proposer une danse.

    Soudainement, les petites princesses se stoppèrent et tournèrent leurs regard émerveillés vers le grand escalier de la salle de bal. Les invités présents en firent autant et tous furent médusés devant l'apparition de Ro. Elle était magnifique dans sa robe bleu. Luciana l'observa descendre les marches de l'escalier, un bouquet de roses rouges entre ses mains. Elle avait le port de tête altier et elle se mouvait avec une élégance digne d'une princesse. Cela la fit un peu sourire. A la voir ainsi, personne ne croirait que Ro venait d'une île et avait été élevée loin de toute civilisation. Luciana jeta un regard en direction du prince. Celui-ci avait les yeux qui pétillaient d'émerveillement et d'admiration. Il était clair qu'il ne voyait plus que Ro. Le prince invita alors la jeune femme blonde à danser. Luciana se tenait aux abords de la piste de danse. Elle souriait en voyant l'alchimie entre Ro et le prince. Ils étaient faits l'un pour l'autre. Cela ne faisait aucune doute dans l'esprit de Luciana. Elle se sentit alors soudainement assez mal. Elle culpabilisait de se savoir être un obstacle à leur bonheur. Sans sa présence, est-ce que le roi Peter et la reine Danielle aurait accepté Ro ?

     

    Après le bal, Luciana retourna dans sa chambre. Sa mère n'était pas encore arrivée lorsqu'elle pénétra dans leurs appartements. La nuit était déjà bien avancée et la princesse avait hâte d'aller trouver le sommeil. Elle avait cœur lourd de savoir qu'elle compromettait le bonheur de Ro avec Antonio. Elle ne doutait pas une seule seconde que le prince Antonio, de son côté, devait chercher un moyen de se soustraire à cette union avec elle. Si cela devait se produire, Luciana ne serait pas en colère contre lui ni même triste. Au contraire, elle se réjouirait du bonheur du prince avec la fille des îles.

    Luciana était prête à aller dormir lorsque sa mère, la reine Ariana, revint du bal. Elle arborait un sourire de triomphe sur son visage et elle s'empressa de venir rejoindre sa fille.

    « Luciana ! J'ai une très bonne nouvelle dont je dois vous faire part !

    L'excitation de la reine était évidente. Luciana la regarda avec interrogation. Qu'avait donc bien pu apprendre sa mère pour la rendre d'aussi bonne humeur à une heure si tardive ?

    -Les plans du mariage ont changé. Vous épouserez le prince Antonio dans deux jours ! s'exclama la reine au comble du bonheur.

    La nouvelle fut reçue comme un coup de poing par la princesse. Elle se sentit perdre pied. Cette décision était si soudaine.

    -Mère... Des fiançailles plus longues seraient plus appropriées. Nous nous connaissons à peine...

    La reine fit un geste du poignet pour balayer cet argument.

    -Mon enfant, vous aurez tout le temps d'apprendre à connaître votre époux une fois les noces célébrées. »

    Ariana ne laissa aucunement le loisir à sa fille d'argumenter et de montrer son mécontentement. Elle monopolisa la parole pour se ravir de cette décision avant de souhaiter à sa fille de passer une bonne nuit.

    Une fois dans son lit, Luciana ne trouva pas le sommeil. Elle avait pourtant cru que cela serait facile car elle était fatiguée. Mais les paroles prononcées par sa mère tournaient en boucles dans sa tête l'empêchant de trouver le réconfort du monde des rêves. Luciana repensait à l'instant de panique qu'elle avait ressenti lorsque la reine Ariana avait annoncé l'avancée du mariage. Elle avait alors pris conscience qu'elle ne désirait pas devenir l'épouse d'Antonio. Elle le savait avant, bien sûr, mais elle n'en avait pas mesuré la force avant cette annonce. Il ne lui était clairement pas destiné. Ce n'était pas un rêve qui devenait une réalité pour elle. Bien sûr, elle ne doutait pas qu'elle ne serait pas malheureuse auprès du prince. Il était charmant. Mais elle ne serait pas heureuse non plus. Il ne ferait pas son bonheur. Et Luciana aurait, probablement, toujours le goût amer d'être celle qui aurait empêché Antonio de trouver le bonheur de l'amour avec Ro.


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