-Image: We Heart It - 

Antonin semblait bien pressé de quitter la ville de Pyroxa. Il marchait d'un pas rapide et grognait après les deux filles pour leur demander d'avancer plus vite. Brazelane lui répondait, à chaque fois, qu'elles allaient déjà aussi vite qu'elles le pouvaient.

Edwige, elle, ne disait rien. Elle observait d'un oeil curieux tout ce qu'elle était en mesure de voir passer dans son champs de vision. Elle ne regardait pas vraiment devant elle et se cogna dans le dos d'Antonin qui avait ralenti le pas. Du coup, ce dernier se retourna et la fusilla du regard.

"Regarde où tu vas. C'est pas compliqué de marcher un pied devant l'autre.

-Si t'es si pressé, tu n'as qu'à pas ralentir."

Antonin sembla un peu déstabilisé par la façon dont Edwige lui répondait. Des souvenirs lui remontèrent en mémoire. Dans aucun d'eux, jamais, Edwige ne répliquait sur un tel ton... Elle avait décidément bien changé en si peu de temps. Il secoua la tête et se remit à avancer d'un pas plus rapide. 

Certains actes du passé vous empoisonnent la vie à jamais. Vous n'êtes pas fier de vous. Et vous auriez aimé les enfouir au plus profond de vous. Cependant, on paie toujours pour les gestes du passé qu'on les regrette ou non. 

Les trois membres de l'Ordre Lunaire quittèrent assez rapidement l'enceinte de la ville elfique. Ce fut presque à regret dans le cas d'Edwige qui était curieuse. Elle aurait voulu découvrir chaque recoin de Pyroxa afin de découvrir un aperçu du Monde Création. Ils arrivèrent dans une forêt. 

Là, Brazelane découvrit sa tête, qui jusque là, était cachée par la capuche de la cape. Puis, Edwige l'imita. 

"On ne risque presque rien. Rare sont ceux qui s'aventurent dans cette forêt pour monter en direction de la Montagne Joyaux. Il n'y a rien là-bas. Sauf le peuple des fées des montagnes et plus particulièrement la tribu des fées de Feu-Ardent."

Edwige écoutait les informations que lui fournissait Brazelane. L'Enfant de la Lune aux yeux verrons et celle aux cheveux bleus entamèrent une conversation et sympathisèrent. Le loup, lui, marchait devant elles, sans prêter attention à leur discussion. Ils se trouvaient au pied de la montagne et, malheureusement, la route pour atteindre le sommet de la Montagne Joyaux semblait encore bien longue. 

Les arbres étaient différents de ceux qu'avait pu voir Edwige jusque là. Les feuilles pouvaient prendre une multitude de formes et de couleurs variés. La jeune fille vit même des feuilles d'une forme sphérique. Elle avait l'impression d'être dans un festival de couleur ou au coeur d'un arc-en-ciel. 

"Ce monde est fabuleux, laissa-t-elle échapper tandis qu'elle s'émerveillait de tout ce qu'elle voyait.

-C'est la première fois que tu viens dans le Monde Création? lui demanda Brazelane.

Edwige lui répondit de façon affirmative. De plus, elle précisa, également, que c'était sa première mission. 

-Je te comprends! J'étais comme toi lors de ma toute première mission! 

-Tu en as fait beaucoup? l'interrogea Edwige.

-Quelques unes. Pas tellement mais toujours des missions confiés aux débutants. Ma capacité est assez faible. De ce fait, je ne peux pas avoir de mission avec plus de risques..."

Dans sa voix, Edwige crut distinguer une forme de tristesse. Brazelane s'expliqua un peu plus: elle rêvait d'aventures mais toutes les missions qu'on lui avait confié lui laissait un arrière goût amer de déception. Elles avaient toujours été sans la moindre adrénaline. Elle soupira. 

Edwige fixa le dos d'Antonin qui marchait plusieurs mères devant elles. Elle se demanda si c'était sa première mission, à lui aussi, mais elle en doutait fort. Il était intervenu le jour de son 18ème anniversaire pour la sauver. Il avait combattu un autre loup. Antonin savait se battre, véritablement, contrairement à elle.Une autre question vint tourmenter les pensées d'Edwige: si , ce jour-là, il avait su qui il était en train se sauver, l'aurait-il sauvé ou aurait-il laissé cet autre loup la tuer ?

Antonin reprocha rapidement aux deux filles de faire trop de bruit et de l'agacer. Brazelane réagit aussitôt:

 "Qu'est-ce que tu as, Antonin? Tu es hyper froid alors que d'habitude, tu es plus souriant et sociable!"

Le garçon, dos à elles, ne répondit pas et continua de marcher. Atteindre le sommet de la Montagne Joyaux leur prendrait plusieurs jours. Ce n'était pas une montagne si haute que cela, en soi. 

Ils marchèrent et progressèrent durant toute la journée. Edwige avait mal aux pieds. Elle était fatiguée et n'avait qu'une seule envie: dormir. 

Quand la nuit commença à tomber, Brazelane indiqua qu'il était plus sage de s'arrêter pour dormir. L'Ordre Lunaire avait pensé à tout et, l'Enfant de la Lune aux cheveux rouges sortit une petite boîte que lui avait confier Droy.

Brazelane l'ouvrit et se recula immédiatement. Surprise, Edwige vit apparaître sous ses yeux une tente confortable avec tout le matériel nécessaire à l'intérieur. Le plus impressionnant, c'était le fait que d'une si petite boîte, on puisse faire apparaître une tente aussi grande. Elle comporter quand même trois chambres! Chacun avait la sienne. 

Antonin était partit chercher du bois afin de faire un feu devant la tente pour qu'ils n'aient pas trop froid durant la nuit.

"Edaline, tu m'aides à faire le repas?" proposa Brazelane.

Edwige ne savait pas vraiment cuisiner. Cependant, elle accepta. A l'intérieur de la tente, elles trouvèrent de quoi faire plusieurs repas et peut-être même tenir des mois. Les deux Enfants de la Lune préparèrent une grande salade avec des aliments saints pour la santé. Il y avait aussi un bac contenant des poches d'un liquide rouge.

"Des réserves de sang", constata Edwige. 

Elle regarda les sachets de sang. Le liquide était terriblement attirant. Edwige secoua la tête. Elle avait pu remarqué qu'elle devait absorbé un sachet par jour pour ne pas se sentir mal. Et un sache ne contenait pas énormément de sang, à son grand plaisir. Elle avait, finalement, accepter l'idée que boire du sang devait lui être naturel.

Quand les deux filles sortirent de la tente, elles virent qu'Antonin était de nouveau là. Il tenait un lapin mort dans une main et porter du bois. Il posa l'animal sans vie et entreprit de faire un feu. Edwige fixait la pauvre bête. 

"Pourquoi l'as-tu tué? 

-Je suis un loup, répondit-il sans même la regarder. 

Edwige fronça les sourcils et n'entendant pas de réponse de sa part le garçon ajouta:

-Je suis un loup. Je suis un carnivore. Et j'ai besoin de chasser ma nourriture de temps en temps."

Edwige avait presque oublié la vraie nature d'Antonin. C'est à ce moment qu'elle remarqua qu'il avait du sang sur la main par laquelle il tenait le lapin. 

Après avoir allumé un feu, Antonin entreprit de cuire le lapin. Il n'aimait pas spécialement le viande crue et la préférait, largement, cuite. 

Brazelane discutait avec lui. Edwige constata qu'ils s'entendaient bien. De son côté, la jeune fille restait dans son coin. Brazelane tenta, à plusieurs reprises, de l'intégrer dans leur conversation mais Edwige préférait esquiver. Quant à Antonin, il ne faisait pas plus d'effort pour lui parler. 

Un gouffre de regrets et d'amertume les séparer. L'une ne voulait pas se souvenir de la douleur et de la peur qu'elle avait vécu par le passé et l'autre voulait oublier son comportement passé... Tout les deux avaient réussi a atteindre ces objectifs... jusqu'au 18ème anniversaire d'Edwige. 

"Tout est destiné à arriver.. marmonna Antonin.

-Qu'est-ce que tu as dis? Je n'ai pas compris, sourit l'Enfant de la Lune aux cheveux rouges. 

-Je disais qu'il était tard et que nous devrions aller dormir pour nous lever tôt et reprendre notre marche vers le sommet.

-Hum... Tu n'as pas tord!"

Sur ces paroles, les trois jeunes gens entrèrent dans la tente. 

Edwige peina à trouver le sommeil. Parmi tous les loups faisant partis de l'Ordre Lunaire, il avait fallu qu'elle se retrouve à faire une mission avec Antonin! Elle grinça des dents. Elle pensait qu'elle avait changé mais elle était toujours tétanisée et crispée quand elle le voyait. Des larmes lui montèrent aux yeux. Le loup faisait parti d'un passé, d'une partie d'elle-même qu'elle avait voulu enterrer à jamais. Et tout resurgissait depuis qu'elle l'avait revu! Les souvenirs douloureux remontaient pendant qu'elle dormait. C'était un tel supplice qu'Edwige souffrait, maintenant, d'insomnie. 

Ne trouvant pas le sommeil, Edwige se leva et sortit de la tente. Elle voulait se placer devant le feu et regarder un peu les étoiles. Elle était sortie avec une couverture, en plus, pour ne pas avoir froid. Elle s'arrêté, crispée, en voyant Antonin. Il devait dormir, à cette heure-ci ! Il ne devait pas se trouver près du feu!

Le garçon entendit du bruit vers la tente et il tourna la tête pour voir Edwige. Il se crispa, lui aussi. Un long silence s'installa et aucun des deux ne semblait avoir envie de parler. En fait, aucun des deux n'osait faire le moindre mouvement. Finalement, Antonin se décida à prendre la parole. Il détourna le regard:

"Viens près du feu. Tu vas attraper froid. Ou alors, retourne dans la tente. Mais si tu es sortie, c'est pour une raison bien précise, non? 

Sa question était rhétorique et il ne s'attendait pas à recevoir une réponse. Toutefois, Edwige lui répondit en s'approchant, avec sa couverture, du feu. Elle s'installa en face du loup.

-Je n'arrive pas  à m'endormir.

Après un moment, il termina par lui demander ce qui l'empêcher de fermer les yeux et de plonger dans le pays des rêves.

-De mauvais souvenirs", répliqua-t-elle de manière assez sèche. 

Un silence terriblement pesant s'installa. Ils ne se regardaient pas et pourtant, les même pensées les agitaient intérieurement. Antonin était sorti de la tente pour les même raison que l'Enfant de la Lune aux yeux mauves. 

Ils étaient chacun dans leurs pensées. 

Tout à coup, un bruit de hurlement se fit entendre dans la forêt. Antonin bondit pour se mettre debout et regarda tout autour de lui. Edwige en fit autant. Ce qu'ils avaient entendu était le hurlement d'un loup. Et ils n'avaient aucun moyen de savoir si c'était un ennemi ou un ami. La bête, si elle était seule, avait dû les repérer à cause de la fumée dégagée par le feu. 

Sorti de nulle  part, un loup sauta sur Antonin avant qu'Edwige n'ait pu le prévenir.