• Chapitre 11

    Avalon en avait plus qu'assez. Depuis trois jours qu'elle était arrivée, la jeune femme était alitée dans une chambre dans les sous-sol du palais. C'était une pièce spacieuse avec un grand lit au centre. La pièce était assez sombre et fraîche. Avalon était sous la couverture, fixant le plafond. Elle s'en voulait de ne pas avoir écouté les conseils de la vieille Kerdélia. 

    A peine Avalon avait-elle débarquée sur Red Harenae qu'elle s'était sentie mal à cause de la chaleur et cela l'avait terrassée en moins d'une journée. Elle était clouée au lit depuis cet accident. A toutes les heures de repas, un domestique de l'immense manoir, jamais la même personne, venait lui apporter un plateau repas. Les visites qu'elle recevait étaient rares et elle désespérait d'avoir des nouvelles de Kerdélia... Méréditha était venue la voir une fois pour vérifier qu'elle était encore vivante et qu'elle allait le rester. Elle n'avait aucune nouvelle de celui dont elle était censée être la fiancée. Avalon dépérissait. 

    Alors qu'Avalon était dans une énième contemplation du plafond, sa tête lourdement appuyée sur l'oreiller de son lit, on toqua à la porte. Clairement, ce n'était pas l'heure du repas. Avalon fronça les sourcils. 

    "Entrez!" dit-elle en haussant un peu la voix pour ne pas avoir à se répéter. 

    Kerdélia entra dans la chambre. Avalon la regarda s'avancer en silence. La vieille femme prit une chaise qu'elle approcha du lit d'Avalon et elle s'assit. 

    "Comment allez-vous? demanda-t-elle à la jeune femme. 

    -Comme une personne alitée depuis trois jours, répondit Avalon sur un ton sarcastique. 

    Kerdélia la regarda sévèrement avec un air de reproche. Visiblement, le côté humour de la réponse d'Avalon ne lui avait pas plu. 

    -Vous êtes une petite sotte. Je vous avais dit de sortir sur le pont afin de vous acclimater. Vous n'en avez fait qu'à votre tête et, en voici le résultat.

    Avalon grimaça. Si la vieille femme était venue simplement pour la réprimander, Avalon aurait préféré ne pas la voir. Elle ne souriait pas et avait un air un peu blasé. Il était inutile à Kerdélia de lui dire cela, Avalon en avait parfaitement conscience. 

    -Il est inutile de me réprimander. Ce qui est fait est fait. 

    -Je me démène pour vous représenter depuis notre arrivée puisque vous êtes coincée dans cette pièce. Officiellement, vous avez le mal du pays et vous refusez de sortir de votre chambre. 

    Avalon écarquilla les yeux. Officiellement? Qu'est-ce que cela signifiait? Qui avait décrété cela? Visiblement, on ne voulait pas faire savoir qu'elle avait eu un malaise dès le début de son arrivée. 

    -Pourquoi la vérité est-elle cachée? demanda Avalon.

    Sa question sembla surprendre la vieille femme.

    -Allons, mon enfant, je vous pensais plus maligne. Voyez-vous, votre fiancé, Tybalt, n'est pas n'importe qui sur cette île. Si la rumeur venait à se répandre que sa promise étrangère, tout juste arrivée, était alitée et malade, cela serait problématique pour Tybalt et sa famille ainsi que leur réputation. "

    Avalon avait du mal à comprendre la position que pouvait bien avoir ce fameux Tybalt sur cette île de Red Harenae. Une chose était sûre: il ne faisait pas parti du bas peuple. 

    "Tout ce que je constate, c'est qu'il n'a pas l'air de réellement se soucier de mon état de santé."

    Avalon avait dit cela avec amertume. Elle ne le connaissait pas et l'avait simplement entraperçu mais quelque chose en elle le repoussait déjà. La suite de leur union promettait de ne pas être un long fleuve tranquille. 

     

    Dans les jours qui suivirent, Kerdélia passa très régulièrement voir Avalon. Elle était enfin autorisée à sortir de sa chambre. Toutefois, elle était déguisée et portait sans cesse une longue cape afin  de ne pas se faire remarquer. Elle était sans cesse accompagnée de Kerdélia quand elle sortait de sa chambre. Ces sorties avaient pour but d'habituer Avalon à la chaleur de son nouvel environnement calmement. 

    Enfin, le moment où Avalon pu sortir de sa chambre à visage découvert arriva. Ce jour-là, Avalon n'était pas seule, Méréditha était venue passer la voir dans sa chambre pour lui annoncer la bonne nouvelle. 

    "Vous allez enfin faire vos réels premiers pas sur notre île. Faites bonne impression et vous auriez pu soigner un peu plus votre apparence.. Vous êtes d'une pâleur épouvantable."

    Avalon haussa un sourcil en entendant cette dernière remarque. Comment aurait-il pu en être autrement? Evidemment qu'elle paraissait aussi pâle qu'un cadavre par rapport à n'importe quelle personne présente sur cette île -sauf Kerdélia-. Et puis, il fallait dire que l'avoir obligé à mettre une robe jaune canari n'avait pas arrangé les choses... Cette couleur n'allait pas du tout avec le teint d'Avalon. En revanche, l'habit devait être splendide porté par Méréditha. 

    "Dans quelques jours, nous organisons un bal en votre honneur, en signe de bienvenue. Savez-vous danser? 

    -Malheureusement, je crois bien qu'il va me falloir apprendre. "

    Génial... Avalon était ravie d'apprendre qu'à peine sortie de sa chambre et de son isolement, on la mettait dans un bain de foule. Et, en plus, elle allait devoir apprendre à danser de façon accélérer. Méréditha commença à lui dicter la façon dont elle devait se conduire en société mais, très rapidement, Avalon cesse de l'écouter. Les deux jeunes femmes passaient près d'une fenêtre donnant une vision magnifique d'un jardin verdoyant. Avalon n'avait jamais vu autant de verdure. La végétation avait du mal à pousser de façon abondante dans les îles du nord. Dans un climat aussi désertique, Avalon avait pensé qu'il en serait de même. En arrivant sur l'île, il lui avait semblait que peu de plantes poussaient. 

    "Ecoutez-moi un peu au lieu de vous extasier devant un simple petit jardin."

    Cette remarque fit sortir Avalon de ses pensées. Méréditha était vraiment d'une présence désagréable. 

    "Que disiez-vous? demanda simplement Avalon. 

    -Rien de bien important.

    Avalon avait prit un air blasé. Décidément, elle ne supportait pas du tout son interlocutrice. 

    -Vous allez avoir des essayages pour trouver une robe qui vous rendra éblouissante."

     

    Dans une pièce pleine de lumière, Avalon était positionnée en son centre. Autour de la jeune femme, une multitude de personnes s'activaient. Avalon avait la tête qui tournait tant elle ne savait pas où regarder. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'on lui faisait essayer tout un tas de robes pour voir ce qui lui conviendrait le mieux. Avalon était lassée. Elle ne voyait pas bout de cet après-midi. Méréditha était présente. C'était l'unique personne présente, dans cette pièce, qu'elle connaissait. Elle donnait son avis sur toutes les tenues qu'on faisait enfiler à la femme du nord. 

    "Je pourrais simplement  choisir la robe? proposa Avalon à qui personne ne demandait son avis.

    Méréditha la regarda d'un drôle air avant d'éclater de rire comme si la brune avait sorti la plus hilarante des blagues. 

    -Sans vouloir vous vexez, vous n'avez pas de goût.

    Aucun goût vestimentaire? Méréditha venait-elle réellement d'insinuer cela? Ce n'était pas elle qui mettait sans cesse des vêtements aux couleurs criardes. 

    -Je veux simplement quelque chose de sobre et qui ne soit pas dans une couleur trop flashy."

     

    Enfin, au bout d'une heure plus tard, la séance d'essayage, ou de torture, selon les opinions, se termina. Alors que Méréditha parlait avec ce qui paraissait être un couturier, Avalon en profita pour s'éclipser en toute discrétion. Elle rejoignit le petit jardin qu'elle avait aperçu plus tôt dans la journée. 

    Au milieu de fleurs, Avalon ne savait plus où donner de la tête. Elle voulait absolument tout regarder. Elle s'approcha d'un buisson, dans le fond du petit jardin. Une fleur avait attiré son attention. Elle était si belle.... Aussi blanche que la neige de l'île d'où elle venait, ses pétales étaient d'une délicatesse sans nom. Cette fleur était d'une élégance rare. Avalon avança sa main vers cette dernière.

    "Arrêtez! lui ordonna une voix masculine derrière elle. 

    Alors que la jeune femme se retournait, l'homme qui venait de parler était déjà près d'elle. Sans peine, Avalon le reconnut: son fiancé, Tybalt.

     


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