• Chapitre 1 : Repas

    Image de snow, winter, and tree

    D'un geste lent, des mains refermèrent le livre qui narrait l'histoire de la fin de l'Ere Technologique. Ce monde passé était révolu mais chaque habitant de chaque île se devait d'en savoir l'histoire. C'était le passé de leurs ancêtres que racontait ce livre. Avalon avait lu un nombre incalculable de fois ce vieil ouvrage. Et bien du temps avait coulé depuis la fin de l'Ere Technologique. 

    Avalon se leva du fauteuil dans lequel elle était assise depuis quelques heures déjà. La jeune femme, âgée de tout juste 19 ans, commença à arpenter les allées de la bibliothèque pour ranger le livre. Une fois cette tâche accomplie, elle se dirigea vers la sortie du petit bâtiment. Polie, avant de partir, elle salua amicalement le bibliothécaire.

    "Couvre-toi bien. Il fait un froid à glacer les os, dehors."

     Avalon n'avait aucunement besoin que le vieux bibliothécaire lui précise cela. Il faisait toujours un froid indécent sur l'île sur laquelle elle vivait depuis sa naissance. 

    Avant de sortir, Avalon prit son manteau, ses gants et son bonnet. Elle était déjà bien couverte en portant ses vêtements "anti-froid". Ses cheveux bruns tirant vers un gris extrêmement foncés puis se dégradant vers un gris bien plus clair voir pastel, au niveau des pointes, étaient longs et lui tombaient en cascade autour du visage. La couleur des cheveux d'Avalon n'avait rien de particulière. Beaucoup d'habitants des Iles du Nord avait la même. Sa peau était d'une pâleur cadavérique. Les gens de l'ancien temps l'auraient sans aucun doute crue malade. Or, ce n'était pas le cas. Là encore, la pâleur de la peau était répandue chez les habitants des Iles du Nord.  Avec son écharpe épaisse, Avalon cacha la moitié de son visage. Elle avait des traits assez fins qui disparurent sous l'imposante écharpe. Il ne restait plus que ses yeux bleus givrés qu'on pouvait discernait. 

    Une fois prête, Avalon ouvrit la porte de la bibliothèque. Un vent glacial s'engouffra par l'ouverture et gifla le moindre morceau de peau d'Avalon qui était directement exposé à cette bourrasque. Elle frissonna. En dix-neuf années, Avalon ne s'était toujours habituée à ce froid tranchant. Et elle ne pensait jamais s'y habituer entièrement. Malgré le fait qu'elle soit chaudement habillée, Avalon pouvait ressentir la température glaciale extérieure. 

    Avalon habitait dans la plus grande ville de son île. Elle parcourut d'un pas rapide les rues bondées. Ses bottes s'enfonçaient légèrement dans la fine pellicule de neige tombée la nuit précédente et qui n'avait pas encore givrée. C'est ainsi que la jeune femme traversa la ville jusqu'à chez elle. 

    Les enfants terminaient leur éducation scolaire à l'âge de 17 ans. Ensuite, contrairement à l'ancien temps, les études supérieures n'existant pas, ils commençaient à travailler. Suivant les notes et les appréciations obtenues durant leur scolarité, on proposait à ces adolescents un panel, plus ou moins variés, de métiers qu'ils pouvaient exercer. 

    Quand elle avait atteint l'âge de 17 ans, Avalon avait pu choisir le métier qu'elle ferait. Et elle avait décidé de devenir archiviste. La bibliothèque publique de la ville n'était qu'une petite partie des ouvrages qui étaient stockés dans la bibliothèque. C'était un immense bâtiment qui était composé de nombreux étages de sous-sols. Avalon passait ses journées à étudier, ranger et maintenir en bon état les vestiges des manuscrits du passé. Dans l'ancien temps, il existait un réseau mondial qu'on nommait internet où un nombre sans égal d'informations étaient stockées. Cette technologie appartenait au passé. Plus personne ne connaissait, à présent, son existence. Et plus personne ne voulait en entendre parler. On jugeait dangereuses la plupart des anciennes technologies. 

    Une fois arrivée chez elle, Avalon enleva son manteau noir, recouvert à présent de petits cristaux de glace. Elle le déposa, ainsi que ses gants et son bonnet, qui avaient subi exactement le même sort que le manteau. Dans le hall d'entrée, il y avait un miroir. La jeune femme se regarda dans ce dernier. Elle avait le nez et les joues rougis par le froid extérieur. Ses cheveux, qui étaient parfaitement bien coiffés, quand elle avait quitté la bibliothèque, étaient totalement décoiffés. 

    Avalon vivait encore chez ses parents. Et elle y vivrait tant qu'elle ne serait pas mariée. C'était une tradition de leur nouveau monde. Les enfants restaient chez leurs parents jusqu'à leur mariage. Quand il y avait des fiançailles, la femme partait vivre dans la maison de la famille de son futur époux jusqu'aux noces où ils auraient leur propre maison par la suite. Les choses étaient bien plus compliquées quand un hommes se fiançait avec un homme ou une femme avec une femme. Ces règles ne pouvaient plus être appliquées. Là, il y avait un arrangement entre les familles et le couple, après le mariage, avait droit, lui aussi, à une maison. C'était les parents des deux familles qui offraient,  comme présent de mariage, la première demeure de leur progéniture. 

    Le premier réflexe de la jeune femme fut de se rendre dans le salon pour venir se réchauffer près du feu de cheminée. Les parents d'Avalon possédaient une immense demeure. Cela n'était pas étonnant quand on savait que le père de la jeune femme était le chef de l'île. C'était un titre très prisé et très respecté. Dans l'ancien temps, on aurait pu comparer une île à ce que les anciens humains  appelaient un pays. Et, le chef de l'île représentait le dirigeant du pays. Il était nommé à la mort de l'ancien chef de l'île par le Conseil. Ce dernier était constitué des chefs des plus grandes Iles du Nord. Cette hiérarchie avait mis un certain temps à se construire à la fin de l'Ere Technologique. 

    "Avalon, tu es enfin rentrée!" s'exclama une femme pénétrant dans le salon en tenant une tasse de chocolat chaud. 

    La femme est assez petite et rondouillarde. Elle avait des cheveux coupés au carré d'une splendide couleur argentée.  Ses yeux avaient la même couleur que ceux d'Avalon. Cette femme, qui avait une peau commençant à être ridée par les années, était la mère d'Avalon. Elle offrit la tasse de chocolat chaud à sa fille qui l'accepta volontier. Quand elle en but quelques gorgées, le liquide lui brûla la langue. Avalon ferma les yeux en grimaçant légèrement. Elle attendrait un peu avant de continuer à boire le chocolat chaud.

    "Tu iras nourrir Isis?" demanda la mère d'Avalon à cette dernière.

    A cette demande, Avalon s'empressa de répondre par l'affirmative. Isis était la chienne de la famille. Ses parents l'avaient eue quand Avalon avait 4 ans. Isis était maintenant vieille mais elle n'en restait pas moins le petit rayon de Soleil de la famille. 

    Avalon trouva Isis allongeait dans la cuisine. Isis savait parfaitement que c'était l'heure de son repas. Quand elle aperçut Avalon, ses yeux se mirent à briller et sa queue battait l'air. 

    Isis ressemblait à une énorme louve. Depuis la fin de l'Ere Technologique, la taille des animaux avait augmenté de façon impressionnante. Quand elle était sur ses quatre pattes, la tête d'Isis arrivait au niveau des épaules d'Avalon. Si Isis se dressait sur ses pattes arrières, elle mesurait près de 2m de hauteur. Avec un sourire sur le visage, Avalon prépara le repas d'Isis. Cette dernière trépignait  d'impatience et se jeta sur sa gamelle quand sa maîtresse la lui donna. 

    Le père d'Avalon rentra tard. Il rentrait toujours tard. Quand il fut arrivé, toute la famille s'installa à table pour dîner. Avalon avait pris l'habitude de ses dîners tardifs. 

    Étrangement, ce soir-là, son père était bien silencieux. Il avait le regard rivé sur son assiette et paraissait totalement ailleurs. Par moment, Avalon lui jeter des œillades . Elle connaissait son père et ce n'était pas dans sa façon d'être de se montrer aussi silencieux. Le père d'Avalon était d'une carrure impressionnante. C'était une armoire à glace, une montagne de muscles. Ses cheveux étaient argentés, coupés courts, presque rasés, sa barbe était toujours impeccablement taillée. Ses yeux d'une belle couleur bleu azur portait toujours, à la fois, un regard de compréhension mais aussi sévère sur le monde. C'était un bon vivant qui avait la parole facile mais qui était doté d'une grande intelligence. Avalon avait toujours eu un immense respect et une gigantesque admiration pour son père. En le regardant plus attentivement, la jeune femme n'avait plus aucun doute : son père était préoccupé par quelque chose. Sa femme l'avait aussi remarqué puisqu'elle se décida à demander à son mari si tout allait bien:

    "Chéri, tu es ailleurs depuis le début du repas. Tu ne parles et ne souris pas. Que se passe-t-il? 

    Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient mis à table, l'homme releva son regard de son assiette. 

    -Ma journée a été harassante. C'est juste un peu de fatigue. 

    Il fit une longue pause tandis que sa femme et sa fille le fixait.

    -Le Conseil tout entier va se réunir sur notre île la semaine prochaine", finit par dire d'une voix lasse.

    Avalon fronça les sourcils. Le Conseil se réunissait rarement sur une île autre que la plus grande du nord. Or, ce n'était pas sur celle-ci que vivait Avalon et sa famille. Et ce n'était jamais arrivé que le Conseil se réunisse autre part. 

    Isis dormait tranquillement aux pieds de son maître qui lui caressa la tête. Avalon ne cessait pas de fixer son père. Puis, elle reprit le cours de son repas. Quelque chose n'allait pas dans le comportement de son père et le Conseil devait probablement avoir sa part de responsabilité. Mais ce qui inquiétait le plus Avalon, c'était de savoir ce qui pouvait autant perturbé son père. Jamais il ne montrait ses problèmes ou ses moments de fatigue. Sa mère aurait dit qu'il commençait à vieillir et qu'il n'était plus aussi solide et robuste qu'avant. Cependant, Avalon avait la conviction qu'il y avait une autre raison, plus sombre. 


  • Commentaires

    1
    Lundi 16 Octobre 2017 à 22:04

    Et... "Suite au prochain épisode". Évidemment.

    D'accord, c'est normal pour une fin de chapitre. Très beau chapitre d'ailleurs, pour se plonger tranquillement dans l'ambiance de l'histoire. Je sens que je vais bien aimer le principe... Et le rythme est bon, les phrases agréables, ce qui ne m'étonne pas de ta part.

      • Mardi 17 Octobre 2017 à 11:31

        Il fait bien terminer un chapitre en laissant un peu de suspense sinon, il n'y a plus de magie ;p 

        Merci pour tous ces compliments qui me font grandement plaisir! 

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    2
    Dimanche 5 Novembre 2017 à 16:24

     Très bien pour un premier chapitre. J'ai complètement été immergée dans l'histoire. Les tournures de phrases sont magnifiques, je vais lire le prochain chapitre de ce pas !

      • Dimanche 5 Novembre 2017 à 20:38

        J'espère que la suite te plaira : )

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